Pour (Proposition de la majorité (keine Folge geben)) | 118 |
Contre (Proposition de la minorité Python (Folge geben)) | 65 |
Abstension | 3 |
Excusé / Non votant / Président | 14 |
De manière générale, nous réalisons aujourd'hui que les facteurs environnementaux impactent de plus en plus fortement notre santé. Pesticides, pollution, particules fines, amiante, perturbateurs endocriniens, métaux lourds : tout semble indiquer que nous devons changer nos modes de vie et de consommation après de nombreuses années d'insouciance, face à l'augmentation de maladies dites émergentes et aux nombreuses études démontrant l'impact de tels éléments sur notre santé.
Parmi ceux-là, les sels d'aluminium et leur potentiel effet cancérigène sont controversés depuis de nombreuses années.
En 2012, le Comité scientifique européen pour la sécurité des consommateurs (CSSC) a affirmé que " l'aluminium des cosmétiques n'était pas susceptible d'être cancérigène ". Or une nouvelle étude sortie en septembre 2016 dans l'International Journal of Cancer par deux chercheurs genevois relance le débat et tend à prouver que les sels d'aluminium présents dans les anti-transpirants augmenteraient le risque de cancer du sein. Une autre étude menée à Innsbruck en Autriche démontre un risque multiplié par deux de cancer du sein chez les femmes qui affirment avoir utilisé régulièrement des produits cosmétiques contenant des sels d'aluminium.
Dans un contexte épidémiologie où le cancer du sein est en augmentation et touche des femmes de plus en plus jeunes (20% des femmes sont diagnostiquées avant 50 ans), il nous semble être de bon ton d'appliquer le principe de précaution et de se pencher sur une interdiction.
Rappelons que le principe des sels d'aluminium est de boucher les pores et d'empêcher la transpiration de s'évacuer. II est déjà prouvé qu'en cas de lésion (rasage, griffure, épilation, eczéma), la quantité de sels d'aluminium qui pénètre dans l'organisme est six fois supérieure, raison pour laquelle leur utilisation est proscrite dans ce genre de cas.
Un rapport de l'agence française de sécurité sanitaire des produits de santé préconise même une concentration maximale de 0,6% alors que celle-ci n'est jamais affichée et serait de l'ordre de dix fois supérieure...
Ce même rapport traite également de la neurotoxicité établie en tout cas chez les animaux. La difficulté dans la mise en lien entre cancer et sels d'aluminium réside dans l'absence d'études prospectives à large échelle (par études prospectives, nous entendons des études ayant pour but d'observer et de suivre un groupe de sujets exposés à des facteurs de risque d'une maladie pendant une période déterminée et de le comparer à un groupe contrôle où ce n'est pas le cas).
Malgré cela, les études se poursuivent de manière approfondie et ce n'est qu'une question de temps avant d'obtenir confirmation de tous les signaux d'alerte actuels pour notre population et sa santé.
Faute d'une intervention politique avisée, nous risquons aujourd'hui de nous retrouver dans une situation de regret dans quelques années si nous n'appliquons pas le principe de précaution. De plus, cela encouragera fortement les géants de la cosmétique à réfléchir à d'autres solutions tout aussi efficaces mais moins dangereuses pour notre santé. D'ailleurs, s'ils commencent à proposer en grande surface bon nombre d'anti-transpirants qui ne contiennent ni sels d'aluminium ni pierre d'alun (qui est un dérivé), c'est bien parce que la population commence à réaliser les dangers auxquels elle s'expose et à se tourner vers des produits moins toxiques.
II est ainsi grand temps que les autorités fédérales prennent leurs responsabilités en termes de politique de la santé en empoignant rapidement la possibilité d'une interdiction sur notre sol de bombes de poison accessibles aujourd'hui à toutes et à tous.
2025 - Olivier Kaluzny - Tous droits réservés - Site non officiel
Source : Services du Parlement de l'Assemblée fédérale, Berne
Dernière mise à jour des données le 07.05.2025 (23:47)