Pour (Proposition de la majorité (Fristverlängerung)) | 123 |
Contre (Proposition de la minorité Addor (Abschreibung)) | 64 |
Abstension | 0 |
Excusé / Non votant / Président | 13 |
La Suisse est partie à la convention des Nations Unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants (convention contre la torture) depuis 1987. La torture n'est toutefois explicitement interdite qu'en relation avec les crimes contre l'humanité et les crimes de guerre. D'autres dispositions pénales sont certes interprétées comme une interdiction de la torture mais elles sont insuffisantes. De nombreuses organisations et institutions, telles que l'ONU et des ONG, de même que des acteurs de la société civile, ont souvent signalé que la Suisse devait adapter sa législation à la convention contre la torture. Le Comité contre la torture de l'ONU, chargé de l'application de la convention, a invité la Suisse à réitérées reprises à ériger la torture en infraction spécifique afin que la sanction punissant les actes de torture soit à la mesure de la gravité de ce crime. Le comité a constaté dans d'autres États parties à la convention que l'existence d'une infraction spécifique, dûment définie, avait un effet préventif. Incompréhensiblement, la Suisse ne s'exprime pas sur ce point dans le rapport 2019 à l'attention du comité.
Les rares dispositions pénales visant la torture ne suffisent pas à la sanctionner réellement et systématiquement, ne serait-ce que parce qu'elles ne concordent pas toutes avec la définition exhaustive de la torture figurant à l'art. 1 de la convention. Le droit pénal présente donc des lacunes graves qui peuvent être exploitées par les auteurs et les complices d'actes de torture pour échapper à une sanction appropriée. La Suisse court ainsi le risque d'être bientôt condamnée par la Cour européenne des droits de l'homme.
Notre législation lacunaire affaiblit l'engagement international de la Suisse contre la torture, notamment au titre de la convention européenne de 1987 pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants, du protocole facultatif de 2002 se rapportant à la convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants et du plan d'action du DFAE de 2018 contre la torture. Cet affaiblissement de notre crédibilité contredit la position de la Suisse qui prétend toujours respecter le droit international. L'absence d'une disposition pénale spécifique concernant la torture nuit considérablement à l'image de notre pays, qui se veut exemplaire dans la prévention de la torture au niveau européen et international. Une telle disposition permettrait en outre de poursuivre en Suisse toute personne qui se serait rendue coupable d'actes de torture à l'étranger, en vertu de la convention contre la torture.
Il est grand temps que la torture en tant que telle soit érigée en infraction dans le droit pénal suisse, conformément au droit international que la Suisse a adopté et qu'elle doit enfin mettre en oeuvre intégralement.
2025 - Olivier Kaluzny - Tous droits réservés - Site non officiel
Source : Services du Parlement de l'Assemblée fédérale, Berne
Dernière mise à jour des données le 07.05.2025 (23:47)